Fragments de lecture no 4

  L’étoile du diable 

 Auteur : Jo Nesbø

     Les romans noirs scandinaves me semblent parfois être… très noirs. Avec le norvégien Jo Nesbø, le noir est souvent plus que noir. On n’a qu’à penser à : Leur domaine, Les Cafards, et surtout le très troublant Éclipse totale.  L’étoile du diable ne fait pas exception.

    En scène, l’inspecteur principal Harry Hole. En arrière-plan, Oslo. En plein été caniculaire. Un tueur en série, des diamants en forme de pentagramme, et bien pire encore. Et puis ce Hole, en pleine déchéance. Un alcoolique, un être troublé, psychologiquement meurtri, en perte de repères. « Un traître paranoïaque, une bombe à retardement dont ils se débarrasseraient à la première et meilleure occasion. »

    Et puis Nesbø, maître de l’analyse psychologique, tenant souvent son lecteur en équilibre précaire sur un fil tissé de faux-fuyants et l’entraînant vers des chemins parallèles qui mènent on ne sait où, Nesbø donc, fidèle à lui-même, ne fait pas dans la dentelle : « Le sachet contenait un long doigt fin à l’ongle verni en rouge. Il y avait une bague sur le doigt. Sur laquelle était montée une pierre précieuse taillée en étoile à cinq branches. »

    Ce Hole a cependant une caractéristique peu commune ; une facilité à comprendre les tueurs en série, à voir au-delà des simples faits.

     « Les révélations de Harry étaient souvent de petites gouttes d’eau glaciales, qui lui tombaient sur le crâne. Rien de plus. Mais il arrivait naturellement qu’en levant les yeux et en regardant à la verticale de l’endroit où tombaient les gouttes, il puisse trouver les liens entre les causes. C’était un don, un vol, une faveur des anges qu’il n’avait pas méritée, de la musique telle qu’elle pouvait venir chez des gens comme Duke Ellington, sortie tout droit d’un rêve, telle qu’elle, il n’y avait plus qu’à s’asseoir au piano et la jouer. »

Oslo suffoque.  Les cadavres s’accumulent.

Nombre de pages : 587

B.R.